Introduction

Les sociétés (SARL, SAS et SA) sont habituellement imposées à l’IS. Depuis 2010 il est néanmoins possible en début de vie de l’entreprise d’opter temporairement pour l’imposition des résultats à l’Impôt sur les Revenus (IR).

Cout création SASU

Le Blog du Dirigeant fait le point sur les conditions, les modalités et les conséquences de l’option à l’IR .

Rappel sur l’option à l’impôt sur le revenu ( IR)

Hormis le cas des SARL de famille,  l’option temporaire à l’IR n’est offerte que pour les sociétés créées depuis moins de 5 ans et répondant à un certain nombre de critères pour pouvoir exercer l’option à l’Impôt sur le Revenu (IR).

Cette option doit avoir été exercée au plus tard 90 jours après le début du premier exercice sur lequel elle s’applique.  L’option à l’IR est renouvelée à la fin de chaque exercice par tacite reconduction pour une durée maximale 5 exercices,  sans possibilité de prolongation ou de renouvellement.

L’option à l’IR modifie le régime fiscal de l’entreprise

Création d'entreprise : conséquences fiscales et sociales de l'option à l’IR pour les SARL et SAS

Lorsqu’une société choisit l’option à l’IR, elle quitte le régime fiscal des sociétés de capitaux pour intégrer le régime des sociétés de personnes. Le changement de régime a des conséquences différentes selon que la société ait déjà effectué une déclaration d’IS ou non.

Option à l’IR pour une société n’ayant jamais été soumise à l’IS

Si l’option à l’IR est exercée au moment de la création de la société, ou lors d’un changement de forme juridique (EURL  en SAS par exemple), la démarche n’engendre aucun changement de régime fiscal puisque la société n’a jamais été soumise à l’IS.

Option à l’IR pour une société ayant déjà été soumise à l’IS

Il en va différemment d’une société exerçant l’option à l’IR après avoir été précédemment soumise à l’IS.  Dans ce cas, la société doit informer le service des impôts afin de faire un changement de régime fiscal. L’administration lui demandera une déclaration des revenus imposables à la date de l’option pour imposer à l’impôt sur les sociétés les différents revenus réalisés avant la mise en œuvre de l’imposition sur le revenu (options à l’IR).

Remarque :
Lorsqu’une société choisit l’option à l’IR, elle perd la possibilité de reporter les déficits fiscaux qui ne sont pas utilisés au moment du changement de régime fiscal.

Les principes fiscaux de l’option à l’IR

L’option à l’IR place l’entreprise dans le champ du régime fiscal des sociétés de personnes qui se définit selon les critères ci-dessous.

Remarque : 
Les dividendes n’ayant pas d’existence juridique pour une société à l’IR, les sommes versées aux associés sont appelées « quote-part de résultat« .

Option à l’IR : comment sont imposés les bénéfices ?

Lorsque l’option à l’IR est active, la quote-part de résultat (ou « dividendes ») des associés se cumule avec leur propre résultat et est imposée selon le régime fiscal de l’associé.

option à l’IRImposition des bénéfices lorsque l’actionnaire est une société :

Si l’associé est une personne morale soumise à l’IS, la part du résultat qui lui est due est à cumuler avec son propre résultat  afin de déterminer le résultat de la société détentrice des parts (ou actions) (imposable à l’IS).

 Imposition des bénéfices lorsque l’actionnaire est une personne physique :

Si l’associé est une personne physique, la part du résultat qui lui est due est soumise à l’IR sous le régime des BIC (Bénéfices Industriels et Commerciaux), des BNC (Bénéfices Non Commerciaux) ou des BA (Bénéfices Agricoles). Deux cas se présentent :

  • L’associé a exercé une activité professionnelle dans la société au cours de l’exercice concerné : la quote-part sera déclarée dans la partie « revenus professionnels » de la déclaration fiscale (déclaration de revenus 2042-C).
  • L’associé n’a pas exercé d’activité professionnelle dans la société pendant l’exercice concerné : la quote-part sera déclarée dans la partie « revenus non professionnels » de la déclaration fiscale (déclaration de revenus 2042-C ). Elle se cumulera aux autres revenus du foyer fiscal et sera imposée à l’IR (barème progressif).

Le montant de la rémunération des associés exerçant une activité professionnelle dans la société doit être réintégré dans le résultat de l’entreprise, car ce n’est pas une charge déductible. Une fois déterminé, le résultat est réparti entre les associés et déclaré selon la nature de l’activité de la société (BIC, BNC ou BA). Si la répartition tient compte de la quote-part de chaque associé, il faudra (une fois la répartition faite), tenir compte des avantages individuels (Madelin, article 82 …).

Remarque :
La réglementation sur la majoration fiscale des revenus à déclarer pour les sociétés n’adhérant pas à un CGA (Centre de Gestion Agréée) est applicable jusqu’en 2023.

 Option à l’IR : comment sont imputés les déficits

Lorsque l’option à l’IR est active, les déficits réalisés par la société se répartissent en fonction de la quote-part de chaque associé et s’imputent fiscalement en fonction de sa nature.

Imputation des déficits lorsque l’actionnaire est une société :

Si l’associé est une personne morale soumise à l’IS, la part du déficit qui lui revient viendra réduire le résultat (ou augmenter la perte) déclaré(e) au titre de sa propre activité.

Imputation des déficits lorsque l’actionnaire est une personne physique :

Création d'entreprise : conséquences fiscales et sociales de l'option à l’IR pour les SARL et SAS

Lorsque l’associé est une personne physique, l’affectation des déficits se fait différemment selon qu’il soit de nature professionnelle ou non :


  • Lorsque l’associé a exercé une activité professionnelle dans la société, sa part de résultat déficitaire sera alors qualifiée de « déficits professionnels »
      (déclaration de revenus 2042-C ),
  • Lorsque l’associé n’a exercé aucune activité au sein de la société, sa part de résultat déficitaire sera qualifiée de « déficits non professionnels » (déclaration de revenus 2042-C ).

Les conséquences peuvent être sensibles puisque le «déficit professionnel» peut s’imputer sur le revenu global du foyer fiscal ce qui n’est pas le cas du « déficit non professionnel qui ne peut s’imputer que sur un revenu de même nature.

L’imputation des déficits, professionnels ou non, est reportable pendant 6 ans.

Prenons l’exemple d’une SARL ayant choisi l’option à l’IR détenue par deux associés dont un seul travaille dans la société :

  • L’associé qui n’exerce pas au sein de la société ne pourra imputer les éventuels déficits que sur des revenus (BNC). Lorsque le déficit (BNC) n’est pas totalement imputé, il est reportable pendant 6 ans.
  • L’associé qui travaille dans la société pourra imputer sa quote-part de perte du revenu de son conjoint (s’ils ont le même foyer fiscal) et ce, quelle que soit la nature de son revenu. Lorsque le déficit n’est pas totalement imputé, reportable pendant 6 ans.

Option à l’IR : quelles charges sociales faut-il appliquer ?

Option à l’IR : quelles charges sociales faut-il appliquer ?

La question de la nature des cotisations sociales à appliquer sur la quote-part du résultat versé par la société (ou « dividendes ») pose question.

Dans le BOFIP (BOI-IS-CHAMP-20-20-20-20-20140325) l’administration indique que  deux  situations sont alors possibles :

  • La quote-part de l’associé relève d’une activité BIC, BNC ou BA à titre « professionnel», la quote-part de revenus (ou « dividendes ») est alors soumise à 9,7% ( 9,2 % de CSG + 0,5 de CRDS) de prélèvements sociaux (à déclarer dans le bordereau 2777-D ).
  • La quote-part de l’associé relève d’une activité BIC, BNC ou BA à titre « non professionnel», la quote-part de revenu (ou « dividendes ») est soumise à 17,2% de prélèvements sociaux (à déclarer dans le bordereau de cotisations pour les salaires versés à la ligne 260D).
Attention :
Les associés d’une société ayant choisi l’option à l’IR  qui ont des revenus (ou dividendes) à titre « professionnel » ou « non professionnel » sont responsables des déclarations fiscales même si c’est souvent l’entreprise ou le service juridiques de l’expert-comptable qui s’en charge.

Les conséquences de l’option à l’IR sur le régime social du dirigeant

Le régime social du dirigeant dépend de la forme juridique de l’entreprise, dans le cas de la SARL du fait qu’il détient ou non la majorité des parts sociales. Le gérant majoritaire  (ou deux co-gérants majoritaires) est travailleur non salarié et dépend du RSI, le gérant égalitaire ou minoritaire est assimilé salarié et dépend du régime général. L’exercice de l’option ne modifie pas le régime social du dirigeant. S’agissant d’une SAS, le président reste assimilé salarié, même lorsque la société a choisi l’option à l’IR.

Pour ce qui est des cotisations sociales, la quote-part du résultat (dividende) d’une SARL ou d’une SAS qui est versée n’est par conséquent pas soumise aux charges sociales, mais aux prélèvements sociaux (comme vu ci-dessus).
 
Afin de déterminer le meilleur régime fiscal et ses conséquences dans l’entreprise, le recours à un avocat fiscaliste est conseillé.
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Sommaire
  • Rappel sur l'option à l'impôt sur le revenu ( IR)
  • L’option à l'IR modifie le régime fiscal de l'entreprise
  • Les principes fiscaux de l'option à l'IR
  • Les conséquences de l'option à l'IR sur le régime social du dirigeant
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Commentaires
82 commentaires
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  1. Denis
    29 août 2022, 10:24
    bonjour vous parlez d'un bordereau avec la ligne 260d (cf ci-dessous) quel est ce formulaire, urssaf ou impôt ? La quote-part de l’associé relève d’une activité BIC, BNC ou BA à titre « non professionnel», la quote-part de revenu (ou « dividendes ») est soumise à 17,2% de prélèvements sociaux (à déclarer dans le bordereau de cotisations pour les salaires versés à la ligne 260D) Merci
    • Laurent Dufour
      13 septembre 2022, 11:04
      Bonjour, C'est sur votre de déclaration DSI. Pour autant, nous conseillons de passer par un fiscaliste pour vous aider à faire votre déclaration, cela évite les tracasseries et les erreurs. Cordialement, L'équipe créer son entreprise LBdD
  2. DRISS FIONA
    7 mars 2022, 18:26
    Bonjour, Dans le cadre d'une SNC (1) qui détient 10% de parts sociales d'une autre SNC (2). Lorsque le résultat de la SNC (2) est établi après la clôture de l'exercice, est ce qu'on doit faire dans le calcul du résultat fiscal de la SNC(1) une réintégration de 10% du résultat de la SNC (2) ? Merci
    • Laurent Dufour
      15 juillet 2022, 09:10
      Bonjour, Après quelques recherches nous n'avons pas trouvé de réponses claires à votre question. Il faudrait vous rapprocher d'un expert-comptable ou d'un avocat fiscaliste car il semble qu'il faille prendre en considération plusieurs critères. Cordialement, L’équipe créer son entreprise LBdD
  3. Antoni GLN
    1 juillet 2020, 15:27
    Bonjour, Merci pour votre article. Je suis associé unique et dirigeant d'une SASU créée en 2017 et qui pour le moment a réalisé des déficits. Je ne perçois pas de salaire de la SASU (j'en perçois par ailleurs). Jusqu'à présent à l'IS, si je choisis l'option à l'IR, est-ce que je peux déclarer les déficits comme étant professionnels ou étant donné que la SASU ne me verse pas de salaire, les déficits devront être considérés comme non-professionnels? Merci, Cordialement,
    • Laurent Dufour
      6 juillet 2020, 17:21
      Bonjour, Comme vous l’expliquons dans l'article, avant de choisir l'option à l'IR il est préférable de contacter un expert-comptable ou un avocat fiscaliste qui vous validera l'intérêt de l'opération et vous aider à faire les bonnes déclarations. Cordialement, L’équipe créer son entreprise LBdD
  4. Antoni GL
    30 juin 2020, 21:09
    Bonjour, Merci beaucoup pour cet article très bien rédigé. Je suis président et actionnaire d’une SASU et ne perçois pas de salaire de la SASU: ses déficits/revenus doivent donc être imputés sur mes revenus en tant que revenus non-professionnels du fait de l’absence de de salaire? Ou ma qualité de président est-elle un critère suffisant pour pouvoir les déclarer en revenus professionnels? Merci beaucoup, Cordialement AG
    • Laurent Dufour
      6 juillet 2020, 16:28
      Bonjour, Tout dépend de votre fiscalité. Le déficits de votre SASU ne peut être imputable à vos revenus professionnels que si votre société est l'IR (fiscalité des sociétés de personnes) et pour les revenu sont de la même catégorie. Cordialement, L’équipe créer son entreprise LBdD
  5. Ulysse
    9 août 2019, 12:34
    Bonjour, Les taux de CSG donnés dans cet article sont ils actualisés ? Si je comprends bien, sur les bénéfices il y a un prélèvement de CSG avant impot de 8% si l'associé est dirigeant et de 15,5% s'il s'agit d'un simple associé ? A opposer donc au taux de 17,2% sur les dividendes par exemple si on passe par une imposition de la société à l'IS. Ne serait ce pas plutôt 9,7 (dont 6,8 déductibles) si l'associé est dirigeant et 17,2 sinon ?
    • Laurent Dufour
      8 octobre 2019, 12:25
      Bonjour, Vous avez raison, la mise à jour des chiffre n'a pas ponctionnée pour cet article. Cordialement L'équipe créer son entreprise LBdD